La conscience tangible, ou les confidences d'un caméléon ahuri

Il est de ces jours messieurs ! (Et je dis messieurs, pas pour que mesdames s’offusquent, tu vas comprendre j’en suis sûr) Par un petit matin fort sympathique où ma douce et moi on regarde tranquillement des sites pour planifier nos vacances, activité nécessitant un brin plus de planification qu’auparavant pour cause de petit Pepto qui a des besoins bien spécifiques à lui ! Or, tout va bien en cette heure matutinale et le Pepto papa tient sur ses genoux le junior. Et quand bébé est réveillé le matin, il ne l’est pas à demi : il gigote et gazouille à qui mieux mieux à propos de tout et de rien, parce que, tu l’auras deviné, à 7 mois et demi le langage c’est quelque chose ! Papa sourit et lui souffle gentiment dans l’oreille, ce qui le fait rire et se retourner tête renversée vers moi qui suis tout béat de le voir ainsi, quand soudain fiston, prit d’un désir d’érection (et la je parle du fait de se lever tutt tuut tuttt) se propulse vers l’avant avec un essor comme tu peux l’imaginer. Il est tout mignon habituellement quand il se lève et émet ce son stridulant qui fait déguerpir mes deux chats… Sauf que ce matin, sous son senestre peton, mon dextre testicule tout délicatement ravagé d’un côté par la surface en bois de cette stupide chaise qui visiblement devrait être propriétaire en bonne et due forme d’un coussin gros comme ça, et le pied tambourinant de cet amour souriant. Le temps nécessaire pour que le transfère s’effectue au département «brassée maternelle» et les larmes qui perlent sur mes joues alors que le cri primal reste coincé là, là, juste lez de la luette qui n’en peut plus de la pression qui s’accumule et me donne un goitre à rendre jaloux un aérophage invétéré ! Et la maman qui ne comprends pas tout à fait qui demande : «Qu’est-ce qu’il y a ?» Arrrgggggggggggg ! Je suis plié en deux mille six cent soixante-sept (tu vois je connais bien ma règle du trait d’union) je souffre momentanément de «Kellerisme», muet, sourd et aveugle, je suis dolent. Puis comme toute chose, ça passe. Tranquillement, l’agonie se dissipe et la douleur devient tolérable, puis encore un peu et je peux respirer et voilà que je peux bouger et me déplier (si la contorsion est un art, que dire de la «décontrosion» ?). Ma douce qui me propose un massage qui me fera du bien… pour un peu je lui aurais dit non…