La conscience tangible, ou les confidences d'un caméléon ahuri

Dis, ça t’arrive parfois?

Moi trop. Ces temps-ci en tout cas. Je crois que le hasard a déformé le continuum espace-temps pour m’emmerder, moi, tout particulièrement. Et là, je vois ton sourcil de la perplexité (j’ai aussi une théorie au sujet des parties inutiles du corps et leurs relations avec les états psychiques) qui se soulève… Le hasard… qu’est-ce à dire? La loterie? Sûrement pas. Le Hasard, avec un grand H, celui qui ne peut pas être linéaire. Celui qu’on désire, qu’on cherche, qu’on désespère même parfois. Figures-toi, amie blogienne, que ce dit Hasard existe et habite chez moi, dans l’appartement que je trouve absolument infecte depuis que j’ai signé l’offre d’achat pour la maison. En fait je ne peux pas affirmer haut et fort qu’il existe, mais à tout le moins, il coïncide.

Coïncider : Au figuré : [En parlant de réalités ou de valeurs morales, intellectuelles, spirituelles, etc. S’accorder en tout point, correspondre exactement, converger.] Merci au TLF.

Je poursuis.

Depuis tout le temps que j’habite cet appartement, aucune trace dudit Hasard. Rien. Il devait se planquer chez les voisins. Puis tout bonnement il m’envoie des signes (me voilà sémiologue!) clairs et limpides. Voici à peu près ce que ces signes me disent : « Dégage, du balai, oust!»* Je connais ta légendaire curiosité et je ne la laisserai pas insatisfaite plus longuement.

Voici les faits scientifiques indéniables de la présence acharnée du Hasard chez moi.

1)   Je fais plusieurs petits plats préparés à l’avance pour Pepto Junior. Pour les conserver au frais, je les recouvre de pellicule alimentaire (ici on dit pelli-moulante). Et là, première manifestation machiavélique du malin. Peu importe l’attention que je porte et la délicatesse avec laquelle je m’emploi à déchirer ladite pellicule le long du petit tranchant à dents féroces, le résultats demeure inexorablement le même : le morceau de pellicule se froisse dès la milli-macro-micro-seconde où il quitte le dentier de la boite. Rien à faire, j’en ai toujours pour dix minutes à défroisser la satanée pellicule. (Compagnons révoltons-nous et formons la ligue anti-pellicule froissante ! Aux barricades! ) 

2)   J’ai aussi remarqué que le Hasard avait discrètement installé dans un endroit fort peu accessible et que je n’ai découvert qu’à la suite de nombreux et ingénieux efforts, une génératrice de cheveux dans la tuyauterie de la douche! Oui, oui, je crois que même qu’elle recycle aussi d’autre sorte de poils… Je t’épargne les détails et laisse à ton imagination débordante l’imagerie mentale de ma personne attifée de sordide façon afin d’enlever ce gentil cadeau du Hasard.

3)    Pour déjeuner (petit déjeuner chez toi), je dépose deux belles tranches de pain ultra-blé-avoine-kamut-épautre-fibre-et-saveur-en-sus dans le grille pain. Je file faire autre chose. (Comme des boîtes encore) Plop! (Onomatopée de rôtie s’extirpant du salon de bronzage) Voilà que mon grille-pain fait la grève. Enfin à moitié, il grille un seul coté de mes rôties… Miam…

4)   Il n’y a presque plus d’appareils électroniques en place à la maison, la chaîne stéréo est rangée, le lecteur DVD, tout le patatras est dans les boîtes, sauf le téléviseur et…sa télécommande! Cas classique de la disparition. Sauf qu’elle était sur la table pas plus tard qu’avant-hier. C’est un rapt! Un Enlèvement politique des Nippons (c’est une télécommande Sony) une conspiration mondiale, dans mon salon.

Existe-t-il des moyens de se prémunir contre le Hasard? Si oui, lesquels? Le malheur va-t-il se transporter dans ma nouvelle demeure? Arrggghhhh!

* Note ici l’effort pour rester poli! Le langage du hasard étant intensément plus coloré que le mien!